samedi 6 septembre 2014

Royal Enfield (1)

Oui, j'ai craqué. J'ai tout de même résisté 2 ans à l'appel de ce 4 temps mythique. Le pouf-pouf-pouf qui vous fait tourner la tête dans la rue, ce profil année 1950, cette "Harley Davidson" indienne reconnaissable au milieu des motos japonaises qui ont envahi le marché. Moto anglaise à l'origine, la chaine de production puis la propriété deviennent indienne au milieu des années 1950. Signe particulier : le même modèle sort depuis plus de 60 ans des usines de Chennai, avec quelques modernisations certes, comme le démarreur électrique, les freins à disques ou encore les suspensions.
Comme souvent il n'y a guère plus que les nostalgiques et les étrangers pour s'intéresser à ces objets du passé. Qui achèterait une 4L ou une 2 chevaux en France (moi!).
En Inde les sorts de l'Ambassador et de la Royal Enfield dépendent donc d'un côté des millions de fonctionnaires qui se voient dotés de ce véhicules qui fait office de fonction et de l'autre des expatriés qui redécouvrent le plaisir de rouler au guidon d'une moto qui ne dépasse par les 90 km/h. Le sort en est jeté pour la première, elle n'est plus produite depuis 2014!
Bref, si vous voulez un historique de l'Ambassador, allez ici: http://en.wikipedia.org/wiki/Hindustan_Ambassador
Et si vous voulez en savoir plus sur la Royal Enfield, allez ici: http://www.enfieldmotorcycles.ca/history

Une fois ma décision prise, la seconde question qui se pose est: Veux-tu ramener ton Enfield en France ou pas? 
Si la réponse est oui, alors la seule solution est que ce soit un modèle de collection, donc de plus de 35 ans ! Et oui, vous faites les yeux ronds. Lorsque l'on voit l'état des voitures de plus de 5 ans, on a peine à imaginer l'état d'une moto des années pré-1980. Pourtant quelques bricoleurs se sont lancés sur ce marché de la restauration et proposent aux clients avisés leurs services. On oubli trop rapidement qu'en Inde tout est possible. Je me suis donc rendu au garage de Geet, un de ces artisans de la renaissance de l'Enfield.
La première surprise lorsque l'on se rend chez un artisan ou un commerçant, c'est l'écart qu'il y a entre la carte de visite qui vente le commerce international, la spécialisation, le professionnalisme, la rigueur et puis ça lorsqu'on arrive chez l'artisan :
Geet est spécialisé dans la rénovation de Piaggio et de Royal Enfield. Donc la procédure est assez simple. Ici tu choisis ton modèle, par exemple en haut à droite de la photo (oui la carcasse verte) c'est un modèle Piaggio fin des années 1960. Tu lui indiques les rénovations que tu souahites, la couleur, puis tu négocies le prix .... et tu repars en priant le seigneur que tu ne viens pas de tomber dans une nouvelle arnaque dont tu n'oseras même pas mentionner l'existence sur le Net. 
C'est donc un peu la procédure que j'ai suivi, sauf que moi je n'avais même pas la carcasse de la moto sous les yeux. Il y avait bien ça : 


 
Allez, avec un peu d'effort, on reconnait bien un garde-boue par ci, un réservoir par là de Royal Enfield.
Je ne suis pas allez chez Geet par hasard. Des copains lui ont déjà confié leurs fantasmes et leurs roupees, et n'ont pas été déçu. J'ai donc passé plusieurs de mes soirées à consulter le Net et à collecter des photos et des notes techniques pour lui proposer un document papier de mes idées de moto.
Une fois le premier choc passé des carcasses entassés et avant même de pouvoir faire demi-tour en me disant quelle mauvaise idée, Geet m'a proposé un thé ... et là j'étais piégé.
- Tu la veux de quelle année ta moto?
- ? Tu as quoi en stock ?
- ?
- Oui, j'ai le choix entre quels modèles ?
- ben tous, tu me donnes l'année, moi j'appelle un copain dans l'Uttar Pradesh qui rachète les stocks de veilles motos de l'armée, de la police et des particuliers. Il a un hangar de plus de 1000 mètres carrés de motos avec les cartes grises. Je lui donne l'année et il m'envoie la moto avec la carte grise. Alors qu'elle année ?
- 1970
- Ok
Vient ensuite la discussion sur l'exportation en France en tant que véhicule de collection. Il faut le levier de vitesse à droite, des freins à tambour et des suspensions hold-style. Puis le choix du compteur, de la fourche, du phare avant, arrière, de la boîte à outils, de la sellerie, de la couleur .... 2 heures et 5 thés après j'ai la moto dans la tête, et j'ai oublié les carcasses qui m'entourent. On négocie le prix, surtout lui, car moi je ne sais plus trop où j'en suis, probablement que les odeurs de rouille et de cambouis m'ont étourdi l'esprit. J'entends tout de même l'avance qu'il me demande, pour faire venir la carcasse ... euh je veux dire la moto, de l'Uttar Pradesh.
- Tu reviens dans un mois, ta moto sera prête. Tu l'essayes, vérifie la mécanique. Si c'est ok, on la rédémonte et elle passe à la peinture.
C'était fin juillet.

Je quitte Geet, en me disant que je n'écrirai surement pas un post sur cette expérience ... à suivre. 

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