vendredi 22 février 2013

Chauffeurs

Je rappelle rapidement qu'en Inde :
- On roule à gauche.
- Delhi compte 15 millions d'habitants, la circulation est intense.
- On peut croiser des animaux sur la chaussée: vaches, dromadaires, éléphants, chevaux, chiens errants... Il faut savoir éviter toutes sortes d'obstacles.
- La conduite des rickshaws a ses propres règles.
- On peut oublier notre code de la route, ici les conducteurs klaxonnent pour prévenir qu'ils changent de direction ou qu'il faut dégager le passage.
- Les places de parking sont rares, il arrive qu'on se gare sur la chaussée en deuxième voire troisième file.

Alors, en Inde on peut avoir son propre chauffeur, c'est très utile et même si au début ça me faisait tout bizarre d'entendre "mon chauffeur ceci, mon chauffeur cela...!" on s'y fait très vite.

Quand nous sommes arrivés en Inde, les deux premiers mois nous prenions des taxis touristiques payés à la journée. C'était confortable, nous avions de grandes voitures (je rappelle que nous sommes 5), des chauffeurs excellents, gentils et agréables. C'était bien au début car nous avions tellement d'occupations qu'on n'avait pas à se préoccuper de ça, mais au final ça revenait cher.
Un des chauffeurs nous a gentiment proposé les services de son frère, chauffeur de taxi à son compte, avec sa propre voiture.

C'est ainsi que nous avons rencontrer Ravinder et sa "totomobile", une voiture minuscule dans laquelle on réussissait à entrer à 6, à l'indienne! Comme Ravinder est un excellent conducteur, fort aimable et sympathique, on s'est accommodé de sa totomobile pendant presque deux mois.
Puis, Eric a trouvé le temps de s'investir dans l'achat d'une voiture, épisode tout aussi épique, et c'est là qu'a commencé notre recherche de chauffeur.

Le premier, Jay, un gars du Sud de l'Inde, une personne honnête, souriante, de confiance, un être adorable avec nous et les enfants. Seul problème... il ne sait pas conduire!
Quand je dis qu'il ne sait pas conduire, ça veut dire qu'il ne sait pas passer les vitesses, il regarde le schéma sur le levier et réfléchit avant de les passer. Complètement perdu dans la circulation, on s'est retrouvé un jour à l'arrêt, face à une chicane, les camions fonçant sur notre droite et notre gauche.
Il se faisait peur à lui-même et ressortait toujours de la voiture en sueur et l'air paniqué.
J'entends au loin la question: "mais vous aviez vérifié son permis?"
On est en Inde et il est tellement facile d'acheter son permis ou d'en avoir un faux qu'on n'a même pas eu l'idée de lui demander!
Alors, Jay voulait vraiment cet emploi, il était très motivé, il pensait sincèrement que quelques heures (5 peut-être) de conduite avec son cousin suffiraient à faire de lui un "private driver". On a dû interrompre son rêve et sa naïveté car il en allait de notre sécurité.

Ravinder est revenu nous conduire, avec notre voiture, le temps de trouver un autre chauffeur. Comme les nouvelles vont très vite dans notre quartier, plusieurs chauffeurs ont sonné à notre porte.

Le deuxième, Sushil, nous paraissait très bien, bon conducteur, ponctuel, parlant bien anglais, mais... le temps d'essai passé il est devenu fort antipathique, le type pas sympa du tout! Cependant, avec nos critères d'occidentaux: "on ne vire pas quelqu'un parce qu'il est antipathique, il conduit bien, il est ponctuel, il connaît bien la ville, tant pis s'il tire toujours la gueule!"
Nous nous sommes rendus compte que Sushil mettait plus d'une heure le matin pour revenir de l'école alors qu'il faut 10 minutes, qu'il disparaissait avec la voiture quand il me déposait quelques part où j'allais rester plusieurs heures. Sushil se servait donc de notre voiture pour faire le taxi, il siphonnait  aussi notre essence (un classique ici), cachait de la peinture grise couleur de notre voiture sous le tapis du coffre pour camoufler les éraflures. Et, il a changé aussi quelques pièces de notre voiture...
Lorsque nous l'avons viré remercié, les gens du quartier (maid, chauffeurs, gardes...) ont bien rigolé, ils avaient tenu des paris!

Ravinder est revenu, toujours souriant et avec une nouvelle voiture plus grande (il attend pour vous conduire chers futurs visiteurs). Ravinder nous dépanne donc une fois de plus, pour quinze jours, le temps que notre prochain chauffeur commence. Notre prochain chauffeur? Il conduit bien, il connaît la ville, il est ponctuel, il est gentil, il aime les enfants... c'est le mari de notre maid, il est enchanté de travailler pour nous, et s'il est aussi honnête que son épouse, on aura une super équipe!!!
Et moi, j'espère qu'il n'y aura pas de suite à ce post...

1 commentaire:

  1. Merci pour cette bonne partie de fou rire en lisant ce post. Il est 08h15, je suis au bureau et je lis au collègue ce message, on en rit encore, en imaginant les scènes.
    Bravo et encore merci pour ce post
    bisous à tous
    Mathivet

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